En 1971, la guerre de libération du Bangladesh provoque la mort de nombreux civils. Ces neuf mois d’un conflit extrêmement violent envoie des millions de gens sur les routes et la plupart viennent se réfugier en Inde, à Calcutta où s’est installé leur gouvernement en exil. C’est dans ce contexte que l’équipe film du Jour du Seigneur prend l’avion. Retour sur le tournage avec le réalisateur François Gauducheau qui rencontre mère Teresa à Dacca au Bangladesh, à la fin de la guerre avec le Pakistan en janvier 1972.

François Gauducheau, comment s’est organisé votre premier tournage en Inde ?
« Face au désastre du Pakistan et du Bengladesh, j’ai pensé que nous ne pouvions pas passer à côté. Nous devions y aller. Les producteurs dominicains de l’époque m’ont suivi et avec l’aide du Secours Catholique nous avons pu partir. Nous ne savions pas trop ce que nous trouverions sur place si ce n’est le père Laborde, le personnage central de La cité de la joie  de Dominique Lapierre, et Mère Teresa, mais qui était très peu connue en France à cette époque. »

Comment avez-vous pu approcher Mère Teresa ?
« Nous l’avons rencontrée grâce à Sister Fabienne, une française de la congrégation des Missionnaires de la charité qui nous introduit auprès de mère Teresa. Nous nous sommes retrouvés devant une femme exceptionnelle, incontournable. Très engagée dans l’action, elle s’arrêtait rarement. Nous l’avons donc suivie dans son quotidien et avons été sidérés par ce que nous avions sous les yeux : des paroles en acte ! L’Évangile à l’œuvre… On s’est fait les passeurs d’une rencontre qui au fond a été assez rapide. Nous n’avions ni construction, ni regard critique, car à l’époque on ne savait rien des difficultés de sa vie spirituelle. Mais cette rencontre a été tellement forte qu’elle nous a tous profondément marqués ! »

Il y a beaucoup de misère à Calcutta en 1972. Cela a-t-il été facile de filmer ?
« Non car nous voulions éviter d’être les Occidentaux qui venaient filmer les pauvres. C’était délicat. Finalement, nous avons très peu filmé les rues de Calcutta en soi. On prenait notre interlocuteur dans son cadre réel et cela a donné les scènes de vie du film. Par cet intermédiaire, les gens de la rue n’ont pas refusée la caméra. Au final, cela a donné un film rare car, de fait, il n’existe quasiment pas de documentaire avec Mère Teresa sur le terrain…»

Propos recueillis par Marine de Vanssay en juillet 2016