Etienne Hirschauer, DG Ecodair –  © Corine Simon – CIRIC

Les décideurs chrétiens ont rendez-vous les 30, 31 octobre et 1er novembre à Montpellier. Le CFRT/ Le Jour du Seigneur est partenaire de cet événement.


Etienne Hirschauer, chef d’entreprise, est un des organisateurs des Assises 2020 des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens, les EDC. Il revient sur la thématique insufflée à l’édition 2020 : “Entreprendre pour la Maison Commune”.

Qui sont les EDC ?

C’est une association œcuménique de 3200 dirigeants. Ce mouvement extrêmement vivant émane de l’UNIAPAC fondée en 1931 entre les associations de patronat chrétien.

Pourquoi avez-vous rejoint les EDC ?

Pour essayer d’unifier mes vies professionnelle, personnelle et spirituelle. Toutes ces vies sont très engageantes et vous émiettent. Je trouvais également nécessaire d’incarner ma foi, de porter au Seigneur mes questionnements. Être membre des EDC, c’est d’abord faire partie d’une équipe locale. Cette équipe rassemble mensuellement une dizaine de membres, accompagnés par un conseiller spirituel autour d’un moment de prière et d’échange.

Vous-même quelle est votre activité managériale ?

Je dirige Ecodair, une entreprise qui reconditionne du matériel informatique avec un objet social d’insertion professionnelle de personnes en situation de handicap psychique. 80% du personnel d’Ecodair est en insertion.

Tous les deux ans, entrepreneurs et dirigeants chrétiens se retrouvent pour des Assises Nationales. Comment s’élabore cet événement ? 

Notez bien que les EDC se réunissent tous les ans, par région, les années impaires, nationalement les années paires. La vitalité du mouvement s’enracine d’abord dans la fraternité régionale. Au lendemain des dernières Assises Nationales à Strasbourg, en 2018, Philippe Royer, Directeur général du groupe coopératif Seenergi et président des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens, a partagé une vision pour le mouvement relayée par un groupe thème qui a produit un document partagé à l’ensemble des membres de l’association pour proposer un chemin autour de la maison commune. Cette feuille de route nous conduit doucement mais surement vers les Assises depuis déjà 18 mois. Les Assises ne sont pas un moment flash, elles s’enracinent dans le temps long. Une conversion, ça prend du temps surtout quand on a affaire à des entrepreneurs et dirigeants !

« Entreprenons pour la maison commune » Pourquoi ce thème ?

En nous alertant sur l’urgence climatique et environnementale, l’encyclique Laudato Si nous appelle à une conversion. Pour nous, entrepreneurs et dirigeants chrétiens, il est temps de changer de paradigme, d’écouter le cri de la planète et des pauvres. Seul, le Seigneur peut nous transformer pour relever les défis de l’économie de demain.

Quels sont les objectifs des Assises 2020 ?

Accessoirement une histoire de coronavirus nous montre à quel point nous sommes fragiles et à quel point il est nécessaire de se poser les bonnes questions au bon moment. Il y a urgence à s’arrêter pour mettre nos activités en perspective et évaluer la direction à prendre. On sera là pour invoquer le Seigneur. On laissera de côté le business. Le personnage principal de nos Assises, c’est le Seigneur, c’est juste lui. On vivra ensemble des temps d’émerveillement, d’écoute et de discernement puis d’action et transformation. On parlera d’écologie environnementale et d’écologie humaine en tension avec la génération montante. C’est à nous de lui construire des conditions acceptables avant qu’il ne soit trop tard. Il nous importe de réaliser ce changement de paradigme, les yeux rivés sur le Seigneur car la conversion dans laquelle nous sommes amenés à rentrer est extrêmement douloureuse. Il faut vivre différemment. Tout ce qu’on a construit pendant vingt ans mérite d’être remis en cause, c’est transformation est impossible sans le Seigneur.

Y a-t-il une manière chrétienne d’entreprendre ?

Que dire ? Il y a deux ans en arrivant chez Ecodair, j’ai eu un effet de balancier. J’ai d’abord pensé sauver Ecodair de ses difficultés. Puis j’ai eu la tentation de jeter l’éponge. Accessoirement, on est dans des métiers peu rémunérateurs et dans un quartier infesté par les rats et les vendeurs de crack. J’ai fini par faire un deal avec le Seigneur. Je ne sais pas si on a le droit de faire un deal avec Dieu… En cas de succès, je ne voulais pas une seule seconde me gonfler d’orgueil. En cas d’échec, je ne voulais pas culpabiliser et tomber dans l’angoisse. En revanche, je voulais donner toute mon énergie et mon savoir-faire pour que ça fonctionne. Ça, Il pouvait compter sur moi. Et dernière chose, j’ai décidé de vivre au présent. Je ne dis pas que je n’ai pas des inquiétudes ou des angoisses, mais j’ai décidé de vivre un jour après l’autre. Un jour passe, et je fais ce que je peux. À trop vivre à long terme, on s’approprie ce qui est avant tout le projet du Seigneur. C’est ma manière d’entreprendre, il y en sans doute beaucoup d’autres…

Magali Michel

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  • L'équipe Démarche préparant les Assises des EDC